Introduction
Le Prophète,
aimer et être aimé ?
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De tous les sentiments profanes ou sacrés, l’amour est le plus doux et le plus sublime. Aimer son prochain procure à l’homme une multitude de bienfaits : sa personnalité s’épanouit grâce à l’amour et s’enrichit de nombreuses vertus telles que le dévouement, la loyauté, la fidélité, la générosité, la pudeur, la sagesse, l’équité, l’honnêteté…. L’amour développe également en lui de nobles comportements : tenir de bons propos, sourire à autrui, faire preuve de tolérance, savoir écouter l’autre et le consulter en retour en cas de besoin, fermer les yeux sur les défauts des gens, éviter de les mettre mal à l’aise et encourager les fautifs en nourrissant leur coeur d’espérance. Ce noble élan du coeur concentre véritablement en lui la quintessence des sentiments humains, car il implique le désir ardent et impatient de donner ou de rendre service, la gratitude, le sens de l’hospitalité, le respect de la dignité et de la sacralité de l’homme, la volonté d’introduire la douceur et la compassion dans son rapport au monde, le désir d’enseigner aux gens et d’éclairer leur vie par le savoir authentique et le souci de conformer ses paroles à ses actes. Il se manifeste aussi par la modestie, la propreté, une clémence constante, le goût pour la paix, le dynamisme, l’amour du travail bien fait, l’amabilité de l’expression ou encore un humour de bon aloi.
Toutes ces vertus, toutes ces qualités ont trouvé leur expression suprême en la personne de Muhammad fils de `Abdullâh, qui a su les faire siennes dans son coeur comme dans son comportement extérieur, dans sa vie privée comme dans sa vie publique. Il a su en être l’incarnation vivante à chaque instant de son existence dans son rapport au monde, que ce soit vis-à-vis de ses épouses, de ses enfants et petits-enfants, de ses compagnons ou même de ses ennemis.
Si Muhammad, la fierté de tout le genre humain, fait l’objet d’un tel amour dans tant de coeurs, c’est parce que tout être humain sain d’esprit ne peut que s’éprendre de la beauté où qu’il la rencontre. Ainsi le lui commande sa nature originelle.
Si Muhammad suscite tant de ferveur et d’affection à travers le temps et l’espace, c’est aussi en raison de l’amour profond et de la haute considération qu’il portait aux prophètes et messagers qui l’ont précédé. D’aucuns pourraient se demander à première vue pourquoi cette attitude justifie un surcroît d’amour à son égard. La réponse est simple. Nous savons bien qu’il est dans la nature humaine, depuis l’aube des temps d’éprouver de la jalousie et de l’hostilité entre semblables, ces sentiments générant opposition, reniement et dépréciations réciproques. De ces tares, le prophète de l’Islam est totalement et parfaitement exempt et pur. Loin de développer un sentiment de rivalité envers ceux qui en d’autres temps avaient été dotés des mêmes attributs que lui (l’élection divine, l’inspiration céleste, la transmission des messages divins et la perfection des moeurs), le prophète Muhammad a toujours rendu un vibrant hommage aux prophètes et envoyés qui l’ont précédé.
Il les aimait, car il voyait en eux des hommes venus proclamer haut et fort la vérité, répandant le bien et la beauté à la surface de cette planète, héritiers respectueux des livres saints et des messagers antérieurs.
Il est vrai que la moralité des prophètes atteint un degré si sublime de perfection qu’aucun être humain ordinaire, à savoir non élu ou inspiré, ne peut prétendre.
C’est là quelque chose d’incontestable.
Cependant, que les noms d’Abraham, de Moïse et de Jésus soient cités dans le Livre révélé à Muhammad, plus fréquemment encore que le nom de Muhammad lui-même, est une chose sans précédent.
Dans le Coran, on trouve en effet :
-1- 48 occurrences du nom d’Abraham.
-2- 136occurrences du nom de Moïse
-3- 36occurrences du nom de Jésus
-4- 4 occurrences du nom de Muhammad, auxquelles on peut ajouter une occurrence de la forme Ahmad. Au total donc, Muhammad n’est cité que cinq fois.
En terme de proportions, l’on voit bien que les mentions de Muhammad dans le Livre qui lui a été révélé sont étonnamment peu nombreuses comparées à celles d’Abraham, de Moïse et de Jésus.
En soi, cette répartition constitue une preuve tant sur le plan objectif que moral de l’authenticité de la prophétie de Muhammad. En effet, seul un véritable prophète, totalement voué à la vérité, proclamant courageusement ce qui lui est révélé sans rien en dissimuler, peut atteindre ce haut degré d’équité et d’impartialité dans sa transmission d’un texte saint qui accorde une telle prépondérance aux autres prophètes.
A ce premier constat sur la place de choix que le Coran réserve à l’évocation des autres prophètes, viennent s’en ajouter d'autres :
Tout d’abord, le Coran révélé par Allah au prophète Muhammad est le seul registre consignant le nom des principaux prophètes et envoyés, ainsi que leurs livres, leurs principes, leurs missions et leurs messages véritables.
Parfois, il évoque les messagers de façon générale, comme l’illustrent ces versets :
« Dis : Louange à Allah et paix sur ses Serviteurs qu’Il a élus !».
« Allah choisit des messagers parmi les Anges et parmi les hommes ».
« Ils sont auprès de Nous, certes, parmi les meilleurs élus ».
« Et il y a des messagers dont Nous t’avons raconté l’histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t’avons point raconté l’histoire».
Parfois, en revanche, l’évocation se fait plus précise et détaillée, comme le montrent ces deux passages tirés respectivement des sourates al-An`âm et Maryam :
«Tel est l’argument que Nous inspirâmes à Abraham contre son peuple. Nous élevons en haut rang qui Nous voulons Ton Seigneur est Sage et Omniscient. Et Nous lui avons donné Isaac et Jacob et Nous les avons guidés tous les deux. Et Noé, Nous l’avons guidé auparavant, et parmi la descendance (d’Abraham)(ou de Noé), David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron. Et c’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants. De même, Zacharie, Jean-Baptiste, Jésus et Elie, tous étant du nombre des gens de bien. De même, Ismaël, Elisée, Jonas et Lot. Chacun d’eux Nous l’avons favorisé par-dessus le reste du monde ».
«Et mentionne dans le Livre, Abraham. C’était un très véridique et un Prophète. (…) Et mentionne dans le Livre Moïse. C’était vraiment un élu, et c’était un Messager et un prophète. Du côté droit du Mont (Sinaï) Nous l’appelâmes et Nous le fîmes approcher tel un confident et par Notre miséricorde, Nous lui donnâmes Aaron son frère comme prophète. Et mentionne Ismaël, dans le Livre. Il était fidèle à ses promesses ; et c’était un Messager et un prophète. Et il commandait à sa famille la prière et la Zakât ; et il était agréé auprès de son Seigneur. Et mentionne Idris, dans le Livre. C’était un véridique et un prophète et nous l’élevâmes à un haut rang. Voilà ceux qu’Allah a comblés de faveurs, parmi les prophètes, parmi les descendants d’Adam, et aussi parmi ceux que Nous avons transportés en compagnie de Noé, et parmi la descendance d’Abraham et d’Israël, et parmi ceux que Nous avons guidés et choisis. Quand les versets du Tout Miséricordieux leur étaient récités, ils tombaient prosternés en pleurant ».
Par ailleurs, la vocation universelle de la religion de Muhammad, religion qui s’adresse à tous les hommes quelle que soit l’origine ou la localisation, implique que le coeur de Muhammad, son âme et son esprit puissent accueillir tous les prophètes et tous les livres saints et qu’il fasse l’éloge de ses frères prophètes.
Bien que la mission prophétique ultime soit complète et parfaite, le Prophète a reçu l’injonction de suivre l’exemple des prophètes qui l’ont précédé, concernant les points fondamentaux de la croyance, les obligations de la foi et les valeurs morales :
«Certes vous avez eu un bel exemple [à suivre] en Abraham et en ceux qui étaient avec lui »
«Voilà ceux qu’Allah a guidés : suis donc leur direction », ici il est fait allusion à la série de prophètes et d’envoyés dont les noms ont été cités dans les versets qui précèdent directement celui-ci.
Le prophète Muhammad est donc aimé à la fois pour ses qualités et sa conduite morale qui confinent à la perfection, et pour la relation chaleureuse et éminente qu’il entretient avec les autres membres de la grande fratrie prophétique dispersés à travers les époques et les contrées, qui ont répandu la connaissance, la lumière et la vertu, depuis Noé jusqu’au Messie Jésus fils de Marie, que les bénédictions d’Allah et sa miséricorde soient sur eux tous.
A travers ces quelques lignes d’introduction, nous avons esquissé la nature des relations qui unissent les prophètes. Nous aurons l’occasion, dans les pages qui suivent de les étudier plus en détail et de constater, une fois de plus, le rang élevé que les élus d’Allah ont atteint par leur vertu. Ils nous proposent un modèle de sincérité, de fidélité et de grandeur qui devrait servir d’idéal à toutes les âmes nobles de par le monde.
Si en effet, Allah a choisi d’envoyer comme messagers à l’humanité, plutôt que des anges, des hommes pris en leur sein, c’est bien pour nous montrer que la perfection morale est accessible aux hommes et que ce n’est donc pas qu’une simple vue de l’esprit.
« Leurs messagers leur dirent : « Certes, nous ne sommes que des humains comme vous ».
« Dis : Je suis en fait un être humain comme vous. Il m’a été révélé (…)».
Si des êtres doués de la même nature, de la même constitution physique, des mêmes caractéristiques morales que nous, ont pu incarner à un degré inégalé l’essence même de l’amour, du respect et tissé entre eux des relations lumineuses pleines d’estime et de sincérité, c’est bien la preuve, qu’à notre modeste niveau, dans la mesure de nos capacités et selon la force de notre détermination, nous pouvons nous aussi aspirer à instaurer des relations fraternelles avec le reste des hommes, d’où la haine, la jalousie et le rejet seraient définitivement bannis.
Au nom d’Allah, l’Infiniment Miséricordieux, le Très-Miséricordieux
12 preuves que Mohammed est un véritable prophète
Cet essai s’adresse à tous les hommes et à toutes les femmes à travers le monde.
Je demande à Dieu de faire en sorte que cet essai parvienne à toutes les oreilles, tombe sous tous les yeux, et que chaque cœur le comprenne…
Mohammed, fils d’Abdoullah, est le Prophète de Dieu et le dernier des messagers envoyés par Dieu aux habitants de la Terre.
Sachez que le messager Mohammed, fils d’Abdoullah (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) est réellement et véritablement le Messager de Dieu ; les preuves qui le démontrent sont nombreuses. Seuls un ignorant ou un orgueilleux pourraient nier ces preuves.
Parmi ces preuves, citons à titre d’exemples :
1. Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) était un illettré qui ne savait ni lire ni écrire, et qui l’est demeuré jusqu’à sa mort. Parmi son peuple, il était connu pour être véridique et digne de confiance. Avant de recevoir la révélation pour la première fois, il n’avait aucune connaissance des religions ou des messages qui avaient été révélés à certains peuples. Il passa ainsi les quarante premières années de sa vie. C’est alors qu’il commença à recevoir la révélation ; Dieu lui révéla le Coran tel que nous le connaissons aujourd’hui. Ce Coran contenait plusieurs des récits qui se trouvaient également dans les écritures révélées avant lui, les rapportant dans les moindres détails, à la manière d’un témoin qui rapporte ce qu’il a vu. Ils étaient relatés précisément de la même manière que les récits qui se trouvaient dans la Torah, envoyée à Moïse, et dans l’Évangile, envoyée à Jésus. Ni les juifs ni les chrétiens ne purent le démentir ; ils savaient que tout ce qu’il contenait était vrai.
2. Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) a prédit tout ce qui allait arriver, à lui et à sa communauté, après sa mort : les victoires qu’ils allaient remporter, la suppression des royaumes dictatoriaux des rois zoroastriens de Perse et de César, et l’implantation de l’islam à travers le monde. Tous ces événements sont survenus exactement comme Mohammed l’avait prédit ; c’était comme s’il avait lu le futur dans un livre ouvert.
3. Le Coran révélé à Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui), en arabe, est un summum d’éloquence et de clarté. Dieu, dans le Coran, a mis les Arabes de l’époque (qui étaient connus pour être très éloquents et pour très bien manier la langue arabe, et qui avaient tenté, au départ, de démentir le Coran) au défi de produire ne serait-ce qu’une seule sourate semblable à celles du Coran. Ils n’y parvinrent jamais.
Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a jamais osé prétendre avoir composé des versets équivalant – ou même approchant – en ordre, en grâce, en beauté et en magnificence ceux du glorieux Coran.
4. La biographie de ce noble prophète est un exemple parfait d’honnêteté, de clémence, de compassion, de vérité, de courage, de générosité, loin de tout écart de langage ou de mauvais caractère, et un exemple d’ascétisme et d’efforts faits dans l’unique but de recevoir la récompense de Dieu et de l’au-delà. De plus, dans toutes ses actions et dans ses relations avec les gens, il se rappelait et craignait toujours Dieu.
5. Dieu a insufflé beaucoup d’amour pour Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) dans le cœur des croyants et de tous ceux qui l’ont rencontré. Cet amour était si fort que n’importe lequel de ses compagnons aurait volontairement sacrifié sa vie, sa mère ou son père pour lui. Jusqu’à nos jours, ceux qui croient à Mohammed l’honorent et l’aiment plus que tout. Ne serait-ce que pour le voir un court instant, ceux qui croient en lui donneraient en rançon leur propre famille et tous leurs biens.
6. Dans toute l’histoire, aucune biographie n’a été préservée avec autant de souci que celle de Mohammed, qui a été l’homme le plus influent de l’histoire. Et la terre entière n’a pas connu une autre personne à laquelle les gens pensent chaque jour, matin et soir, de même que tout au long de la journée. Chaque fois que les croyants mentionnent le nom de Mohammed, ils le saluent et demandent à Dieu de le bénir. Ils le font de bon cœur et par amour sincère pour lui.
7. Et il n’y a jamais eu un homme sur terre dont le mode de vie est toujours, quatorze siècles plus tard, imité par ceux qui croient en lui. Ceux qui croient à Mohammed dorment de la façon qu’il dormait ; se purifient (en faisant des ablutions et des toilettes rituelles) de la façon qu’il se purifiait ; et ils imitent sa façon de manger, de boire et de se vêtir. En fait, ceux qui croient à Mohammed appliquent ses enseignements et suivent le chemin qu’il a tracé tout au cours de son existence sur terre dans tous les aspects de leur vie. Les croyants de chaque génération, depuis son époque jusqu’à nos jours, ont strictement adhéré à ses enseignements. Pour certains, cela va jusqu’à vouloir suivre le Prophète (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) dans ses choix personnels auxquels Dieu n’a pas demandé aux croyants de se conformer. Par exemple, certains ne mangeront que les aliments ou ne porteront que le genre de vêtements que le Messager aimait. Sans parler du fait que ceux qui croient en lui répètent les louanges à Dieu, les prières spéciales et les invocations qu’il disait avant ou durant chacune de ses actions, jour et nuit, comme : ce qu’il disait quand il rencontrait des gens, en entrant dans une maison et en en sortant, en entrant dans une mosquée et en en sortant, en entrant dans une salle de bain et en en sortant, au moment où il s’apprêtait à dormir et au moment où il se réveillait, quand il remarquait un nouveau croissant de lune ou de nouveaux fruits sur un arbre, avant de manger, de boire, de s’habiller, de monter à chameau ou à cheval, au moment de voyager et au retour du voyage, etc. Et sans parler du fait que ceux qui croient en lui accomplissent à la lettre – jusque dans les moindres détails – chaque acte d’adoration – comme la prière, le jeûne, la charité et le pèlerinage – de la façon que le noble Messager (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) leur a appris et qu’il accomplissait lui-même. Tout cela permet à ceux qui croient en lui de calquer leur vie sur la sienne comme s’il était là, devant eux, et qu’ils n’avaient qu’à suivre son exemple.
8. Jamais il n’y a eu, et jamais il n’y aura de par le monde un homme qui a été ou qui sera si aimé, si respecté, si honoré et si obéi dans tous les détails, qu’ils soient infimes ou majeurs, que ne l’a été ce noble prophète.
9. Depuis son époque, dans toutes les régions de la terre et à chaque ère, l’exemple de ce noble Prophète a été suivi par des individus de toutes races, couleurs et nationalités. Parmi ceux qui ont suivi ses traces, plusieurs avaient été chrétiens, juifs, païens, idolâtres ou athées, et beaucoup étaient connus pour leur sens du jugement, leur sagesse, leur esprit d’analyse et leur sérieux. Ils ont choisi de suivre les traces du noble Prophète après avoir constaté les signes de sa véracité et avoir été témoins de ses miracles, et non pas parce qu’ils y avaient été forcés ou parce qu’ils souhaitaient suivre le mode de vie de leurs parents. Plusieurs des fidèles de ce Prophète (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) ont choisi de le suivre au moment où l’islam était encore faible, au moment où les musulmans étaient peu nombreux et souffraient de cruelles persécutions. Ils ne l’ont point fait dans le but d’obtenir quelques gains matériels, car la plupart d’entre eux ont enduré les pires formes d’afflictions et de persécution à cause de leur choix. Et en dépit de tous ces maux et de toutes ces persécutions, ils n’ont pas abandonné l’islam. Tous ces signes indiquent clairement à quiconque jouissant de sa raison, que ce Prophète était véritablement le messager de Dieu et qu’il n’était pas qu’un homme prétendant être prophète ou parlant de Dieu sans en avoir une connaissance claire.
10. Mohammed a été envoyé avec une religion dont les fondements de foi et les pratiques cultuelles sont hors du commun. Mohammed a décrit Dieu en lui attribuant des qualités d’absolue perfection et d’une façon qui ne lui assigne aucune défectuosité. Ni les philosophes ni les savants n’auraient pu décrire Dieu de cette manière. Il est impossible d’imaginer qu’un esprit humain puisse concevoir de lui-même un être possédant une capacité, des connaissances et une grandeur si infinies ; un Être qui a assujetti la création, qui a le pouvoir sur tout ce que l’univers renferme, aussi infime ou gigantesque soit-il, et qui possède une si parfaite miséricorde. Et il n’est pas dans les capacités d’un être humain d’établir une loi parfaite basée sur la justice, l’égalité, la clémence et l’objectivité qui s’applique à toutes les sphères de la vie sur terre – comme le commerce, le mariage et le divorce, la location, le témoignage, la garde des enfants, et tous les autres contrats qui sont nécessaires au maintien et à la bonne gestion de la vie et de la civilisation sur terre.
11. Nul être humain n’a la capacité de concevoir de lui-même une sagesse, une moralité, des bonnes manières et de la noblesse de caractère telles que celles que nous a transmises cet honorable Prophète (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui). Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) a propagé un enseignement complet relatif aux bonnes manières envers les père et mère, les parents, les amis, l’humanité en général, les animaux, les plantes, et même les objets inanimés. Il est impossible à l’esprit humain d’acquérir la connaissance, par lui-même, de tous ces enseignements ou d’élaborer un enseignement semblable. Tout cela indique de façon non équivoque que ce Messager n’a pas tenté d’expliquer cette religion de son propre chef, mais qu’il s’agissait plutôt d’un enseignement lui ayant été inspiré par Celui qui a créé la terre et les cieux, et qui a créé notre univers et lui a donné cette miraculeuse architecture et perfection.
12. Les composantes de la croyance et du culte de l’Islam avec lequel le Messager Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) a été envoyé rappellent l’architecture sur laquelle reposent les cieux et la terre. Tout cela indique que Celui qui a créé les cieux et la terre est Celui qui nous a envoyé cette loi et cette religion de droiture. Tout comme la création des cieux et de la terre est inimitable à tous points de vue, la loi divine avec laquelle Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) a été envoyé est également inimitable. De la même manière que l’humanité est incapable de créer un univers comme celui que nous connaissons, elle est également incapable d’élaborer une loi semblable à celle de Dieu, avec laquelle Il a envoyé Son serviteur et messager Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui).
Publié par le bureau de prêche de Rabwah (Riyadh)
L’islam à la portée de tous !
La miséricorde du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) s’est aussi étendue à ceux qui avaient brutalement tué, puis mutilé le corps de son oncle Hamzah, une des personnes qui lui étaient le plus chères. Il avait été l’un des premiers à embrasser l’islam et, grâce à son pouvoir et à sa position au sein de la hiérarchie de Qouraish, il avait évité bien des maux aux musulmans. Un esclave abyssinien appartenant à la femme d’Abou Soufyan, Hind, chercha et tua Hamzah sur le champ de bataille durant la bataille d’Ouhoud. Durant la nuit qui avait précédé la victoire de la Mecque, Abou Soufyan avait accepté l’islam, craignant la vengeance du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Ce dernier lui pardonna et ne lui demanda aucune compensation pour toutes les années de souffrance qu’il lui avait infligées.
Après la mort de Hamzah, Hind alla mutiler son corps. Elle ouvrit sa poitrine, en retira son foie et son cœur et les déchiqueta. Elle alla même jusqu’à mâcher un morceau de son foie, sans toutefois l’avaler.
Plus tard, lorsqu’elle vint calmement trouver le Prophète pour lui dire qu’elle acceptait l’islam, il la reconnut mais ne dit pas un mot. Elle fut si impressionnée par sa magnanimité et sa stature qu’elle dit : «Ô Messager de Dieu, aucune tente ne fut plus détestée par moi que la tienne; mais aujourd’hui, nulle n’est plus chère à mes yeux que la tienne. »
Ikrama, le fils d’Abou Jahl, était un grand ennemi du Prophète et de l’islam. Il s’enfuit au Yémen après la victoire de la Mecque. Après que sa femme eut embrassé l’islam, elle l’amena voir le Prophète. Ce dernier fut si content de le voir qu’il l’accueillit en ces termes :
« Bienvenue, ô cavalier émigrant. »
Safwan ibn Oumaya, un des leaders de la Mecque, était aussi un grand ennemi de Mohammed et de l’islam. Il avait promis une récompense à Oumayr ibn Wahab s’il arrivait à tuer Mohammed. Lorsque la Mecque fut conquise, Safwan s’enfuit à Jeddah dans l’espoir de trouver un bateau qui le conduirait au Yémen. Oumayr ibn Wahab vint voir le Prophète et lui dit : « Ô Messager de Dieu! Safwan ibn Oumaya, chef de tribu, s’est enfuit de crainte de ce que tu pourrais lui infliger, et il menace de se jeter à la mer. » Le Prophète lui envoya une garantie de protection et lorsqu’il revint, il demanda à Mohammed un délai de deux mois pour prendre une décision. Ce dernier lui accorda quatre mois, après lesquels Safwan ibn Oumaya devint musulman de son propre chef.
Habbar ibn al-Aswad était un autre ennemi acharné contre Mohammed et l’islam. Il blessa gravement Zaynab, la fille du Prophète, lors de son émigration à Médine. Elle était enceinte au début de son émigration et les polythéistes de la Mecque tentèrent de l’empêcher de partir. Mais alors qu’elle partait, cet homme, Habbar ibn al-Aswad, l’agressa et la fit tomber de son chameau. Sa chute entraîna la mort du fœtus qu’elle portait en plus de la blesser sérieusement. Par ailleurs, il commit de nombreux autres crimes contre les musulmans. Après la conquête de la Mecque, il pensa d’abord à fuir en Perse, mais décida finalement de se rendre à Mohammed, qui lui pardonna avec beaucoup de magnanimité.
La tribu de Qouraish elle-même était ennemie de l’islam. Et, durant une période de treize ans, durant laquelle le Prophète est demeuré à la Mecque, les membres de Qouraish le réprimandaient, le provoquaient et se moquaient de lui, le frappaient et le harcelaient, à la fois physiquement et mentalement. Une fois, ils jetèrent le placenta d’une chamelle sur son dos alors qu’il priait. Ils le boycottaient, lui et les siens, jusqu’à ce qu’un jour, ce mauvais traitement devienne tout à fait insupportable. Ils complotèrent et tentèrent de le tuer à plusieurs reprises, et lorsque le Prophète s’enfuit finalement à Médine, ils mobilisèrent la plupart des tribus arabes et menèrent plusieurs guerres contre lui et ses fidèles. Malgré tout cela, lorsqu’il revint finalement à la Mecque avec une armée de 10 000 musulmans, il ne chercha à se venger de personne. Il dit plutôt à Qouraish :
« Ô peuple de Qouraish! Que pensez-vous que je vais vous faire? »
Espérant une réponse positive, ils dirent : « Tu ne nous feras que du bien. Tu es un frère noble, fils d’un frère noble. »
Alors le Prophète dit :
« Je vous dis ce que Joseph dit à ses frères : « Je ne vous fais aucun reproche. Allez! Vous êtes tous libres! »[1]
Un tel exemple de pardon se trouve rarement dans les annales de l’histoire. Même son ennemi le plus acharné, Abou Soufyan, qui avait mené de nombreuses guerres contre l’islam, reçut son pardon.
Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) aimait le pardon, et aucun crime ni agression contre lui n’était trop horrible pour qu’il le pardonne. Il était un exemple parfait d’indulgence et de bonté, tel que le mentionne le verset coranique suivant :
« Pardonne-leur, (ô Mohammed), commande ce qui est convenable et détourne-toi des ignorants. » (Coran 7:199)
Il répondait toujours au mal par le pardon et la gentillesse car, à ses yeux, un antidote était préférable à un poison. Il croyait et appliquait le précepte selon lequel l’amour peut venir à bout de la haine et qu’il est possible de venir à bout des agressions par le pardon. Il surmonta l’ignorance des gens par le savoir de l’islam, et la folie et la malveillance des gens par le pardon et la gentillesse. Par son pardon, il a libéré les gens de leur servitude envers le péché et le crime, en plus de les rendre plus tolérants envers l’islam. Il était l’exemple même de ce verset du Coran qui dit :
« La bonne action et la mauvaise ne sont pas égales. Repousse le mal par ce qui est meilleur, et voilà que celui qui te traitait en ennemi (devient) un ami intime. » (Coran 41:34)
Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a été décrit, dans le Coran, comme une miséricorde pour l’univers :
« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. » (Coran 21:107)
Cette miséricorde ne se limitait pas qu’aux musulmans; elle touchait aussi les non-musulmans, dont certains n’avaient ménagé aucun effort pour tenter de lui nuire et de faire obstacle à sa mission. Cette miséricorde et cette indulgence sont évidentes lorsque l’on considère le fait que le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) n’a jamais cherché à se venger à un niveau personnel et a toujours pardonné à ses ennemis les plus acharnés. ‘Aisha, son épouse, a rapporté qu’il ne se vengeait jamais pour des raisons personnelles. Elle a aussi déclaré qu’il ne répondait jamais au mal par le mal, mais qu’il pardonnait aux autres. Ce trait de caractère, chez lui, apparaîtra encore plus clairement à la suite de l’étude de certains épisodes de sa vie.
Au début de sa mission, le Prophète entreprit un voyage à Taïf, ville située dans les montagnes près de la Mecque, afin d’y inviter ses habitants à embrasser l’islam. Les leaders de Taïf, cependant, se montrèrent impolis et discourtois envers le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Et non contents de leur insolence à son égard, ils poussèrent même certaines bandes de la ville à le harceler. Cette racaille suivait le Prophète en lui criant des insultes, allant même jusqu’à lui jeter des pierres, jusqu’à ce qu’il soit obligé de trouver refuge dans un verger. Ainsi, il eut à essuyer à Taïf autant de rejet et de mépris qu’à la Mecque. Ces voyous se postaient de chaque côté du chemin, lui lançant des pierres jusqu’à ce que ses pieds en soient blessés et ensanglantés. Ces attaques découragèrent tant le Prophète, et le plongèrent dans un tel état de dépression qu’une prière, dans laquelle il mentionnait son impuissance et sa situation pitoyable, monta spontanément à ses lèvres.
Implorant l’aide de Dieu, il dit :
« Ô Allah! À Toi je me plains de ma faiblesse, de mon manque de ressources et de mon humiliation devant ces gens. Tu es le plus miséricordieux, le Seigneur des faibles et mon Maître. À qui Me confieras-Tu? À un étranger mal intentionné, ou à un ennemi qui aura le dessus sur moi? Si Tu ne m’attribues aucun mérite, peu m’importe; car Ton bienfait sur moi est grand. Je cherche refuge dans la lumière de Ton visage par laquelle l’obscurité se dissipe et par laquelle chaque affaire de ce monde et de l’au-delà est dirigée, de crainte que Ta colère descende sur moi ou que Ton déplaisir s’abatte sur moi. Je n’ai besoin que de Ta satisfaction car Toi seul fais en sorte que je fasse le bien et que j’évite le mal. Il n’y a de force et de puissance qu’en Toi. »
Le Seigneur lui envoya alors l’ange des montagnes, qui lui demanda la permission de joindre les deux montagnes, ce qui aurait eu pour effet d’écraser toute la ville de Taïf, qui était située entre les deux. Mais de par sa grande tolérance et sa compassion, le Messager de Dieu (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) répondit :
« Non! Car j’espère que Dieu fera naître d’eux des gens qui L’adoreront exclusivement sans rien Lui associer. » (Sahih Mouslim)
Sa miséricorde et son indulgence étaient si grandes qu’à plusieurs occasions, Dieu Lui-même le lui reprocha. Un des plus grands opposants à l’islam, en plus d’être un ennemi personnel, était Abdoullah bin Oubayy, leader des hypocrites de Médine. Proclamant l’islam en apparence, il causait sournoisement beaucoup de tort aux musulmans et à la mission du Prophète. Sachant cela, le Prophète accomplit quand même la prière funéraire sur lui, à sa mort, et pria Dieu de lui pardonner. Le Coran mentionne cet incident en ces termes :
« Et n’accomplis jamais, (ô Mohammed), la prière (funéraire) sur l’un d’entre eux qui meurt, et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe. Ils n’ont pas cru en Dieu et en Son Messager et ils sont morts en transgresseurs. » (Coran 9:84)
Et pourtant, Abdoullay bin Oubayy avait œuvré toute sa vie contre Mohammed et l’islam et n’avait ménagé aucun effort pour le discréditer et nuire à sa mission. Il avait retiré ses trois cents partisans du champ de bataille lors de la bataille d’Ouhoud et avait faillit mettre les musulmans en échec d’un seul coup. Il était toujours mêlé à des complots ou engagé dans des hostilités contre le Prophète et les musulmans. C’est lui qui avait tenté de jeter le Prophète dans l’humiliation en incitant ses alliés à accuser faussement son épouse, ‘Aisha, d’adultère afin de les discréditer, lui et le message qu’il prêchait.
Originaire de la Tribu des Kinana, Aisha était née environ 9 années avant l'Hégire, alors que la Révélation avait débuté depuis environ 3 ans. Elle était la fille d'Abû Bakr, ami fidèle et Compagnon le plus proche du Prophète qu'on appelait «As-Siddîq » (le véridique). C'est en compagnie de celui-ci que le Prophète accomplit l'Hégire vers Médine. Abu Bakr était marchand de vêtements à la Mecque.
La mère de Aisha, Um Rummân, était la fille de Umayr ibn Amr. Elle fut - avec son époux - parmi les premiers musulmans dès la première année de la Révélation et connut toutes les persécutions menées contre les fidèles de la nouvelle religion. Elle fut très active aux côtés de son époux et le Prophète lui annonça qu'elle aurait une place aux Paradis. Elle mourut avant la disparition de l'Envoyé d'Allah et ce fut lui qui la déposa dans sa tombe. Aisha nous a rapporté : « Je n'ai pas connu mon père et ma mère autrement que pratiquant la religion musulmane. »
Outre son frère 'Abdallah, Aisha avait une demi-sœur, Asmâ, fille d'Abû Bakr.
En ce qui concerne le mariage du Prophète avec Aisha , on nous rapporte que l'Envoyé d'Allah vit en rêve l'Ange Gabriel lui présenter un morceau d'étoffe dans lequel quelque chose était enveloppé.
Le Prophète lui demanda : « Qu’est-ce ? » et l'Ange Gabriel lui répondit : « Ta femme ! » En soulevant un coin de l'étoffe, il découvrit la jeune Aisha . Ce message lui parvint comme un ordre divin. Il se rendit donc chez son ami Abu Bakr pour lui demander la main de sa fille, que ce dernier lui accorda avec joie. On situe cet événement aux alentours de l'an 3 avant l'Hégire (620 ap. J. C.).
Aisha avait déjà été demandée en mariage par une famille de polythéistes, mais ceux-ci se mirent à craindre qu'en mariant leur fils avec Aisha , il n'embrasse également la nouvelle religion et abandonne leurs traditions. Ils furent donc extrêmement contents lorsqu'une opportunité leur permit de renoncer à cette union. [...]
Le jour où elle entra dans la Maison du Prophète , les choses se déroulèrent avec la plus grande simplicité, le repas de noces également. Ce jour-là, il n'y avait dans la maison qu'un bol de lait. L'Envoyé d'Allah en but une gorgée, donna le bol à Aisha qui en but également une gorgée, ainsi que les quelques autres personnes présentes. On était au mois de Shawwâl.
Aisha fut installée dans son appartement dont l'unique porte donnait sur la mosquée et fermait par un simple rideau. Le mobilier consistait en un matelas, un oreiller de fibres de dattiers, un tapis, deux jarres, l'une pour les dattes, l'autre pour la farine, ainsi qu'une cruche pour l'eau et un bol. Il y avait aussi une lampe à huile, qui, faute d'huile, ne fonctionnait pas souvent. Nous avons vu que le mobilier de chacune pouvait être différent en raison de ce qu'elles avaient apporté avec elles ou reçu en cadeau de leurs familles.
C'est la seule femme vierge que le Prophète épousa, toutes les autres Épouses avaient été déjà mariées et étaient devenues veuves. On nous rapporte que Aisha était jolie. Dinet écrit qu'elle était gracieuse, très spirituelle et instruite. Plus tard, Aisha devait dire que parmi les Épouses, certaines étaient plus belles, en particulier Zaynab, Juwayriya et Safiya (Qu'Allah soit satisfait d'elles).
Nous savons que Aisha fut, après Khadîja , l'Épouse préférée du Prophète . Mais elle n'était pas la « préférée » pour sa seule beauté, ni sa jeunesse, mais plutôt pour son intelligence et la vivacité de son esprit. Aisha a été choisie par "destin d'Allah" ; Allah est Le plus Savant ! Sa jeunesse était précisément un atout majeur pour la mission qu'elle allait devoir remplir tout au long de sa vie, comme nous le verrons plus loin.
On nous rapporte qu'un Compagnon posa la question au Prophète : « Qui aimez-vous le plus ? » - « Aisha, répondit-il » - « Pour les hommes, précisa-t-il. » - « Le père de Aisha ! » - « Et après lui ? » - « 'Umar ibn Al-Khattâb. » Puis, il énuméra d'autres personnages.» [Rapporté par Bukhârî]
II avait besoin d'une femme jeune, intelligente et enthousiaste, capable d'assimiler et d'interpréter les lois de l'islam auprès des femmes. Or, dès sa plus petite enfance, elle voyait le Prophète pratiquement chaque jour, lorsqu'il rendait visite à son ami Abu Bakr, dans sa maison, lui transmettant, au fur et à mesure, les versets du Coran qui lui étaient révélés par l'Ange Gabriel. Ils évoquaient également ensemble les différents événements concernant la Communauté des musulmans. Elle était vive et intelligente, nous l'avons dit, et elle apprit donc, dès son jeune âge, de la bouche même du Prophète , au fur et à mesure de la Révélation et des événements, tant avant qu'après son mariage, tout ce qu'elle devait savoir pour la mission d'enseignante qui allait lui incomber tout au long de sa vie.
Elle avait les qualités requises et, en raison de sa jeunesse qui la rendait assez perméable, elle était davantage susceptible de recevoir et de retenir, pour ensuite retransmettre les enseignements de l'islam. Elle était encore jeune au moment de l'Hégire. Cependant, chacun était unanime à dire que nul ne pouvait mieux raconter tous les détails de l'Émigration, même plusieurs années après. Toute jeune fille qu'elle était alors, elle participa avec sa sœur Asmâ aux préparatifs secrets destinés au voyage du Prophète et de son père Abu Bakr. Plus tard, lorsqu'elle fut entrée dans la Maison de l'Envoyé de Dieu, son éducation se poursuivit.
Dès qu'il rentrait, elle lui posait des questions. Lorsqu'il parlait aux gens dans la mosquée, elle se tenait auprès de la porte de son appartement, écoutant ce qu'il disait afin de profiter de son enseignement. C'est notamment par le fait de toutes les questions qu'elle posait à l'Envoyé d'Allah que nous sont parvenus bon nombre d'enseignements et de traditions.
Il nous a été rapporté que son savoir était égal à celui de tous les Compagnons et des Mères des Croyants réunis. Cela est facile à expliquer : elle était presque toujours présente lors des entretiens que le Prophète avait avec les Compagnons lorsqu'il leur transmettait la signification du message divin. Elle le voyait vivre au quotidien et rien de ce qu'il disait ou faisait ne lui échappait.
Ibn Abu Hurayra nous rapporte que :
« Aïsha, épouse du Prophète, n'entendait jamais une chose qu'elle ne comprenait pas, sans revenir à la charge auprès de lui, jusqu'à ce qu'elle l'eût bien saisie. » [Rapporté par Bukhârî]
Elle est reconnue pour avoir été l'une des plus grandes juristes de son époque. Elle avait, en outre, un goût développé pour les lettres et se distingua dans la poésie. Nous devons à l'insatiable curiosité de Aisha , des enseignements sur les sujets les plus divers. En voici quelques exemples :
- A la suite de la question sur le jihâd : « Ne pourrions-nous pas la faire ? » « Non, lui répondit le Prophète, le jihâd la plus méritoire pour vous les femmes, c'est un pèlerinage pieusement accompli » [Rapporté par Bukhârî] Ou selon une autre version : « Votre jihâd, c’est le pèlerinage ! »
- Le consentement obligatoire de la future épouse à son mariage. « La vierge a honte » avait fait remarquer Aisha . Le Prophète avait alors précisé : « Son consentement vaut par son silence. » [Rapporté par Bukhârî]
Nous verrons que de nombreux événements furent générateurs d'enseignements importants à la fois pour les femmes et pour l'ensemble des musulmans.
Aisha connaissait la généalogie et l'histoire de toutes les tribus de l'Arabie préislamique, ce qui était très important pour la « stratégie » que le Prophète dut mettre en place, afin que la Communauté puisse nouer des alliances avec les unes et les autres. Et nous constaterons que plusieurs des mariages du Prophète participèrent à ces rapprochements.
Aisha passe encore pour avoir eu de bonnes connaissances en médecine. Il semble qu'elle ait acquis ce savoir en particulier lors de la maladie du Prophète , alors que de nombreuses délégations se sont succédé à son chevet, en provenance de toutes les régions de l'Arabie, pour tenter de le délivrer de son mal, en lui prescrivant des médicaments que Aisha se chargeait elle-même de préparer.
On nous rapporte aussi à son sujet qu'elle participa, avec certaines des Épouses et d'autres femmes parmi les premières musulmanes, à plusieurs des campagnes militaires qui eurent lieu, notamment à Uhud, à la Guerre du Fossé, où les femmes apportèrent leur participation active en soignant les blessés et donnant à boire aux combattants. Le hadîth rapporté par Anas en témoigne :
« Je vis Aisha et Um Salama, les vêtements retroussés au point que je pouvais apercevoir le bas de leurs jambes, bondir avec les outres sur le dos et les vider dans la bouche de la troupe. Ensuite, elles venaient remplir leurs outres et retournaient à nouveau les vider dans la bouche de la troupe. » [Rapporté par Bukhârî]
Nous savons qu'il y eut des femmes musulmanes à toutes les campagnes militaires, sauf la première, à Badr. [...]
On signale que du vivant de l'Envoyé d'Allah , on comptait déjà 20 femmes juristes parmi les Compagnons. C'est dire l'importance du savoir pour tous les musulmans, y compris les femmes.
« La recherche du savoir est une obligation pour chaque musulman. »
[Rapporté par Bukhârî et Ibn Mâja]
Mais revenons à Aisha pour dire que nous lui sommes redevables d'un grand nombre de ahadith (environ 2.200). À ce propos, le Prophète a dit : « Aisha est la moitié de la religion ».
Le rôle de Aisha au sein de la famille du Prophète fut des plus important. Aisha fut, nous l'avons déjà dit, après Khadîja , l'Épouse préférée du Prophète. Anas ibn Malik a rapporté que le Prophète a dit : « La supériorité de Aisha sur les autres musulmanes est comme celle du tsarîd sur les autres mets. » II s'agissait du plat que préférait le Prophète.
De nombreux événements ont marqué la vie conjugale du Prophète.
Aisha était assez spontanée... ce qui provoquait parfois quelques incidents ; mais ceux-ci furent autant d'enseignements donnés aux musulmans, soit que la révélation d'un verset, soit qu'une parole ou un acte du Prophète soient parvenus aux musulmans avec, pour objectif essentiel, de les instruire dans leur religion en leur montrant la solution en fonction des circonstances. Nous relaterons ci-après ceux des événements qui semblent les plus marquants du point de vue des bienfaits apportés à la Communauté, événement liés à la présence de Aisha dans la maison de l'Envoyé d'Allah .
L'affaire se situe en l'an 5 de l'Hégire. Aisha doit avoir autour de 14 ou 15 ans. Cet incident eut un caractère plus grave que tous ceux qui émaillèrent la vie de Aisha. Il survint après la révélation concernant le port du voile. Lorsque l'une des Épouses voyageait avec le Prophète , on descendait son palanquin de son chameau au moment des haltes. Ainsi, lorsqu'elle avait besoin de s'isoler un moment, elle le faisait de façon discrète, en s'éloignant du camp.
Il arriva donc, lors d'une halte, au retour de la campagne victorieuse menée contre la tribu des Banul Mustaliq, tandis que Aisha avait quitté son palanquin, que le Prophète donna le signal du départ et le palanquin de celle-ci fut remit sur le chameau. Compte tenu de sa légèreté, personne ne s'aperçut qu'elle n'était pas à l'intérieur, et la caravane reprit la route sans elle. Lorsqu'elle revint au camp, elle ne trouva plus personne ; sans s'affoler, convaincue qu'on s'apercevrait rapidement de son absence et qu'on reviendrait la chercher, elle demeura sur place et s'endormit.
Au petit matin, c'est un membre de la caravane, Safwân (dont la mère était la tante maternelle d'Abû Bakr), qui la trouva ainsi endormie. Il avait marché toute la nuit (il était chargé d'assurer l'arrière-garde afin de récupérer les retardataires ou encore les objets perdus). Il l'appela, puis la reconnaissant, la fit monter sur son chameau et la ramena en tenant l'animal par la bride, à marche forcée, pour rejoindre la caravane au moment où celle-ci faisait une nouvelle halte.
Cet incident - qui se situe après la révélation sur le voile - n'aurait pas eu d'autres suites si la jalousie n'avait habité le cœur de quelques personnes, les unes à l'égard de Aisha , les autres à l'égard de Safwân. Le voyage se termina sans que rien ne survienne. Arrivée à Médine, Aisha tomba malade pendant un mois. Elle n'imaginait pas qu'elle et Safwân étaient l'objet d'une telle « affaire ».
Le Prophète venait d'épouser Juwayriya , fille du chef de la tribu des Banul Mustaliq et ne se doutait pas non plus de ce qui se tramait. C'est pourtant à ce moment que débuta la calomnie contre Aisha et Safwân. Ce que le Prophète finit par savoir. Aisha s'étonnait de ce que l'Envoyé d'Allah ne s'attarde guère auprès d'elle alors qu'elle était malade. Il prenait de ses nouvelles et repartait, sans rester pour bavarder avec elle selon son habitude. Elle n'apprit les rumeurs calomnieuses dont elle était l'objet qu'après être rétablie, de la bouche de Um Mistah, mère d'un des auteurs de la rumeur.
Aisha en fut abasourdie et tomba de nouveau malade. Elle demanda au Prophète la permission de se rendre chez ses parents, afin de s'assurer auprès d'eux de ce qu'elle venait d'apprendre. Elle interrogea sa mère ; Um Ruman lui confirma la rumeur qui circulait, mais tenta de la réconforter en lui disant de ne pas trop attacher d'importance à ces commérages, [...].
Aisha , au lieu d'être réconfortée ou rassurée, pleura abondamment. On nous dit même qu'elle se serait évanouie.
Mais, contrairement à ce que pensait sa mère, aucune des Mères des Croyants (Qu'Allah soit satisfait d'elles) ne prit part à ces rumeurs. Il s'agissait de femmes pieuses et dignes, et, quelque motif de jalousie qu'elles auraient pu avoir, aucune ne contribua à colporter ces bruits. Bien au contraire, elles parlaient toutes en faveur de Aisha.
Par contre, Hamna, la sœur de Zaynab bint Jahsh, une des Épouses, participa à la calomnie, espérant discréditer Aisha au profit de Zaynab , aux yeux du Prophète . Mais Zaynab ignorait tout. On nous rapporte même que, comme les autres Épouses, le Prophète l'interrogea sur ce qu'elle savait. Elle avait répondu :
« Ô Envoyé d'Allah ! Je respecte mes yeux et mes oreilles. Je ne sais que du bien. » Et aisha ajouta : «Zaynab était la seule des Épouses qui fut sur un pied d'égalité avec moi. Allah la préserva à cause de sa réserve. Sa soeur se mit alors à lui être également hostile. » [Rapporté par Bukhârî]
En réalité, la calomnie avait pris naissance par un certain Ibn Ubbay et quelques autres « hypocrites », puis fut reprise et propagée par Mista (pour se venger d'un différend entre lui et Abu Bakr) et par le poète, Hassan Ibn Thâbit (qui avait un grief contre Safwân), et enfin, Hamna, sœur de Zaynab, dont nous venons de parler.
Aisha fut ramenée chez elle par ses parents. Elle ne cessait de pleurer et espérait être innocentée.
De son côté, le Prophète n'avait pas le moindre doute quant à l'innocence de sa jeune épouse et de Safwân mais il ne pouvait l'innocenter uniquement parce que sa conviction était faite. Il attendait de recevoir la preuve de cette innocence et comme celle-ci tardait, il interrogeait les autres Épouses et ses proches. Tous disaient la même chose :
« Cela n'est que mensonges. Nous ne connaissons de Aisha que du bien. » [Rapporté par Bukhârî]
Parmi les Compagnons, il interrogea également 'Ali ibn Abu Tâlib et Usâma ibn Zayd. Usâma, certain qu'elle était innocente également, conseilla :
« Garde ton épouse. Nous ne savons que du bien d'elle. » Quant à 'Ali, il lui répondit : « Ô Envoyé d'Allah, Allah n'a pas voulu te contrarier. Il y a en dehors d'elle beaucoup d'autres femmes. Interroge sa servante, elle te dira la vérité ! » [Rapporté par Bukhârî]
Cette réponse, un peu ambiguë, blessa Aisha qui s'en souvint longtemps après. Mais nous le verrons plus loin.
Le Prophète interrogea aussi la servante de Aisha , Barîra, qui répondit : « J'en jure par Celui qui t'a envoyé, je n'ai jamais rien vu de répréhensible, sinon qu'étant une toute jeune femme, il lui arrive parfois de s'endormir auprès du dîner de son mari et de laisser manger sa pitance par le mouton familier de la maison ! »
Le Prophète résolut d'évoquer publiquement cette affaire en s'adressant aux fidèles. Il leur tint à peu près ce langage:
« O Gens ! Que vous semble-t-il de ceux qui m'offensent au travers des membres de ma famille en répandant sur eux de faux bruits ? Par Allah, je ne connais que du bien des gens de ma maison et que du bien de l'homme dont ils parlent, qui n’est jamais entré dans l'une de mes maisons sans que je sois avec lui. » [Rapporté par Bukhârî]
II s'ensuivit même une altercation entre plusieurs personnes, et le Prophète dut ramener le calme entre eux. Aisha ignorait alors que le Prophète Muhammad l'avait ainsi publiquement défendue ; cependant, cela l'eut bien réconfortée. Elle continuait de pleurer tout en plaçant sa confiance en Allah. Il ne suffisait évidemment pas que le Prophète et quelques autres personnes soient convaincus de l'innocence de Aisha et Safwân pour que tout rentre dans l'ordre ; il fallait une preuve et celle-ci tardait à se manifester !
C'est par les épreuves auxquelles II soumet les Croyants qu'Allah élève leur foi. Il y a là, pour tout musulman, de quoi méditer sur le fait que la confiance en Dieu est essentielle dans les moments difficiles de l'existence.
Un mois s'était écoulé depuis le début de l'affaire. Un jour, alors que ses parents étaient près d'elle, ainsi qu'une femme des Ansar venue la réconforter, Aisha vit le Prophète entrer chez elle. Il la salua et s'assit, ce qu'il n'avait pas fait depuis le début de sa maladie.
Bukhârî nous rapporte que le Prophète prononça la shahâda, puis s'adressa à elle en ces termes :
« O 'Aïsha, il m'est parvenu telle ou telle chose sur ton compte ; si tu es innocente, Allah te justifiera ; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Allah et reviens à Lui. Le fidèle qui recoder="0" width="101" height="34" align="absMiddle" style="margin: 0px;" /> prolongeait sa visite, avec ses parents. Et, tandis qu'il était encore là, il reçut la révélation qui innocentait enfin Aisha :
« Oui, ceux qui sont venus avec la calomnie, c'est tout une bande des vôtres. Ne la comptez pas pour un mal, au contraire, cela vous est un bien. À chacun d'eux ce qu'il gagne comme péché. À celui, cependant, qui se charge de la part la plus grande parmi eux, un énorme châtiment.
Pourquoi, lorsque vous l'avez entendue (la calomnie), Croyants et Croyantes, n'avez-vous pas pensé à bien en vous-mêmes et n'avez-vous pas dit : "C'est une calomnie évidente."
Pourquoi les autres ne produisent-ils pas quatre témoins ? Alors, s'ils ne produisent pas de témoins, ce sont eux auprès de Dieu les menteurs. Et n'étaient la Grâce de Dieu sur vous, et Sa miséricorde ici-bas comme dans l'au-delà, un énorme châtiment vous aurait touchés pour ce que vous avez lancé.
Quand vous receviez sur vos langues et disiez de vos bouches ce dont vous n'aviez aucune science, et vous le comptiez pour rien, alors que - auprès de Dieu - c'était énorme.
Et pourquoi ne disiez-vous pas, lorsque vous l'entendiez : Qu'avons-nous à en parler ?
Pureté à Toi ! C'est une énorme calomnie !
Dieu vous exhorte à ne plus jamais répéter une chose pareille si vous êtes Croyants. Et Dieu vous expose les signes. Dieu, cependant, est Savant et Sage. » [Sourate 24 – Versets 11-18]
Le Prophète redevint souriant et annonça à Aisha : « Ô 'Aïsha ! Allah te déclare innocente ! »
Ses parents, toujours présents, lui conseillèrent : « Va vers lui et sois-lui reconnaissante. » Mais elle leur répondit : « Je n'irai pas à lui et c'est Allah Seul que je vais louer. » Comme on le voit, malgré son jeune âge, Aisha avait du caractère et une forte personnalité.
Mais nous devons ici constater que la révélation de ces versets fut un grand bien pour la Communauté des musulmans ; ces versets, en effet, interdisent toute supputation sur la conduite d'une femme et il interdit de porter atteinte à qui que ce soit en l'accusant d'adultère, à moins de pouvoir présenter le témoignage de quatre personnes de bonne foi.
Aisha et Um Salama avaient accompagné l'Envoyé d'Allah lors d'une expédition. La troupe avait fait une halte au moment de la prière du soir et s'apprêtait à repartir lorsque Aisha s'aperçut qu'elle avait perdu le collier d'onyx qu'elle portait. Selon une version, il lui avait été offert par sa mère le jour de son mariage, selon une autre version, il lui avait été prêté par l'une des Mères des Croyants. On le chercha, en vain.
Le Prophète fit établir le camp pour la nuit. Mais il n'y avait pas d'eau à cet endroit. Les Compagnons se plaignirent à Abu Bakr de la futilité du motif qui les obligeait à passer la nuit dans cet endroit, les privant de l'eau nécessaire à leurs ablutions.
Abu Bakr vint faire des reproches à sa fille et lui dit : « Tu crées constamment des problèmes... » Vers la fin de la nuit, le Prophète reçut une révélation qui institua l'ablution sèche (tayamûm).
[...] Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l'un de vous revient d'un endroit où il a fait ses besoins, ou si vous avez approché vos femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, faites ablution sèche en touchant une terre pure. Essuyez votre face et vos mains. Dieu est certes Pardonneur et Miséricordieux. [Sourate 4 – Verset 43]
Du coup, toute la troupe se réjouit alors et dit : « Ô Famille d'Abû Bakr ! Ce n'est pas votre premier don à l'Islam. »
Abu Bakr - qui était bien fâché contre sa fille - vint lui dire : « Je n'imaginais pas que tu puisses être la source d'une telle bénédiction pour les musulmans. Grâce à toi, les gens se sont vus accorder une grande facilité. »
Un autre hadîth nous rapporte que Usayd ibn Hudayr vint dire à Aisha :
« Allah te récompense en bien ! Car, par Dieu, il ne t'est jamais arrivé une chose déplaisante sans qu'Allah n'en ait fait quelque chose de bon pour toi et tous les musulmans. » [Rapporté par Bukhârî]
N'oublions pas que le moindre des déplacements dans cette région avait lieu dans le désert et les points d'eau étaient souvent éloignés les uns des autres, ce qui ne rendait pas les voyages faciles ! D'ailleurs, à propos de cette remarque, Abu Hurayraa rapporté que le Prophète a dit :
« Le voyage est un des aspects de la torture où le voyageur s'empêche de dormir, de manger et de boire. Lorsque vous avez terminé vos affaires, hâtez-vous de retourner dans votre famille. » [Rapporté par Bukhârî]
Cet événement eut donc une incidence bénéfique pour tous les musulmans qui, jusqu'à nos jours, utilisent ce moyen lorsqu'ils se trouvent dans des circonstances où ils n'ont pas d'eau. Puis, comme pour bien souligner que cet incident avait essentiellement valeur d'enseignement, le collier fut retrouvé sous le chameau de Aisha au moment où il se releva !
Le Prophète s'attardait depuis quelque temps chez Hafsa , l'une des Épouses, qui lui donnait à boire du miel qu'elle avait reçu, ce qu'il appréciait particulièrement. Nous savons que le Prophète aimait les mets sucrés.
Aisha et quelques-unes des Épouses (Safiya et Sawda, semble-t-il) se mirent d'accord pour dire au Prophète , lorsqu'il revenait, que son haleine dégageait une odeur désagréable. Cela mit un terme aux moments « gourmands » du Prophète, mais elles prirent conscience qu'elles l'avaient privé d'un plaisir. [Rapporté par Bukhârî]
Selon une autre version, il s'était attardé à boire du miel chez Zaynab. C'est à cette occasion que fut révélé le verset suivant :
Ô Prophète ! Pourquoi, en recherchant l'agrément de tes Épouses, t'interdis-tu ce que Dieu t'a permis [...]
[Sourate 66 – Verset 1]
Au retour du pélerinage de l'Adieu, ' Aisha avait peu de bagages alors qu'elle montait un puissant chameau, tandis que Safiya, une autre des Épouses, avait des bagages lourds et un chameau faible qui ralentissait la marche de la caravane.
Afin de répartir la charge, le Prophète donna l'ordre de placer un bagage lourd sur le chameau de 'Aïsha, sans avoir demandé l'accord de chacune. Aisha en fut contrariée.
Le Prophète lui proposa : « Veux-tu que Abu Ubayda arbitre entre nous ? - Non dit-elle, il ne me donnera jamais raison contre toi ! - Alors 'Umar ? Proposa-t-il. - Oh non ! J'ai peur de lui ! Même Satan a peur de lui ! - Eh bien, veux-tu que ce soit ton père, Abu Bakr ? »
Elle y consentit et on fit appeler Abu Bakr , qui, apprenant la cause de l'incident et l'entêtement de sa fille avant même que le Prophète n'ait terminé son exposé et que Aisha puisse défendre sa cause - leva la main et la gifla... Le Prophète l'arrêta en disant : « Je n'ai pas voulu cela. » II se leva et lava de ses mains le visage et la robe de sa jeune épouse. [Rapporté par Bukhârî]
[...] Bien des anecdotes nous ont encore été rapportées sur Aisha en particulier. [...]
Nous savons que l'Envoyé d'Allah confiait à Aisha ses projets les plus secrets. Par exemple, en matière de stratégie, il lui arrivait de préparer une expédition en ne faisant part de ses intentions ou de la destination qu'à sa jeune épouse. À ceux qui venaient ensuite l'interroger sur tel ou tel sujet, elle répondait qu'elle ne dirait rien, même à son propre père !
Quant à Aisha , elle aimait tellement le Prophète qu'elle était inquiète dès qu'il s'éloignait. Un jour, elle l'entendit se glisser dehors en pleine nuit, et pour savoir où il se rendait, elle le suivit ; il allait au cimetière pour prier pour ceux qui étaient morts. Bouleversée, elle dit alors : « Je donnerais la vie de mon père et de ma mère pour lui ! » Souvent, il s'endormait la tête posée sur ses genoux.
Nous avons vu que Sawda , devenue âgée, lui avait cédé son jour de visite. Ainsi, le Prophète passait plus de temps encore avec 'Âïsha, lui permettant encore de multiplier les occasions de parfaire ses connaissances. Lors de l'expédition de Khaybar, l'étendard (râyah) du Prophète fut confectionné dans la houppelande de Aisha. Il était noir et carré.
Lorsque le Prophète fut atteint de la maladie qui devait l'emporter, il continuait de visiter successivement chacune de ses Épouses (Qu'Allah soit satisfait d'elles) et interrogeait chaque jour en disant : « Où serai-je demain ? » et ce, jusqu'au jour de sa visite chez Aisha , chez laquelle il restait calme, sans interroger sur le lendemain.
On nous rapporte qu'à partir du moment où il fut immobilisé par cette maladie, il sollicita des Mères des Croyants la permission d'être soigné chez 'Âïsha, ce qu'elles acceptèrent. [Rapporté par Bukhârî] Il fut donc transporté de l'appartement de Maymûna à celui de Aisha , soutenu d'un côté par 'Ali, de l'autre par 'Abbâs.
La maladie empirait. Toutefois, un jour, il put se rendre dans la mosquée et il parla aux fidèles, invoquant longuement Allah pour les martyrs de Uhud en particulier. Puis, il donna l'ordre que soient fermées toutes les portes donnant sur la mosquée, sauf celle d'Abû Bakr.
Il vécut ses derniers instants chez Aisha . On nous rapporte que peu avant sa mort, le Prophète vit le frère de Aisha entrer dans la pièce avec un bâton de miswâk (brosse à dent naturelle). Aisha lut dans ses yeux qu'il en avait envie. Elle le mâchonna d'abord un peu et lui en frotta les dents. Puis, elle lui prit la tête et la plaça dans le creux de son épaule, afin qu'il soit aussi confortable que possible et c'est ainsi qu'il rendit le dernier soupir.
Aisha nous a rapporté au sujet de ses derniers instants que le Prophète répéta : « II n'y a aucun dieu si ce n’est Allah lui-même. Quelle agonie que la mort. » Puis, Aisha l'entendit dire d'une voix à peine perceptible, « ...mais avec le Compagnon le plus haut », comme s'il faisait un choix.
Aisha nous dit encore : « J'étais jeune et je ne comprenais rien. Dans ma stupidité, le Prophète rendit le dernier soupir dans mes bras et je ne le sus pas. Ce n'est que lorsque les autres femmes présentes se mirent à pleurer que je compris ce qui s'était passé... » [Rapporté par Bukhârî]
Aisha a rapporté : « II mourut le jour même où c'était mon tour de le recevoir dans mon appartement. Allah recueillit son âme tandis que sa tête reposait entre ma gorge et ma poitrine et ma salive fut mélangée à la sienne. » [Rapporté par Bukhârî]
Le Prophète fut enterré sur place, dans la chambre de Aisha. Elle continua d'y habiter. Sawda, l'une des Épouses qui mourut en l'an 24 de l'Hégire, lui légua son appartement qui était mitoyen du sien, ce qui permit à Aisha d'agrandir son habitation devenue très petite du fait de la place occupée par le tombeau du Prophète . Lorsque, chacun à son tour, Abu Bakr, puis plus tard, 'Umar, quittèrent ce monde, ils furent tous deux enterrés auprès du Prophète.
On sait que lorsque 'Umar fut à l'agonie, il envoya son fils 'Abdallah chez 'Aisha , qui la trouva assise, pleurant. « 'Umar t'adresse le salut et te demande l'autorisation d'être enterré avec ses deux Compagnons. - Je l'aurais désiré pour moi-même, mais je lui donne la préférence sur moi-même. » [...]
Après la disparition du Prophète , elle continua d'occuper une place importante au sein de la communauté des musulmans, malgré sa jeunesse.
Elle jouissait d'une grande réputation. On venait la consulter. Elle était particulièrement savante en matière de jurisprudence. On nous rapporte qu'un grand nombre de Compagnons venaient étudier la jurisprudence islamique avec elle. Atâ a rapporté : « Aisha était plus instruite qu'aucun homme de son temps. »
'Aisha , avec quelques autres Compagnons, firent de Médine un centre d'études parmi les plus importants du monde pour l'époque. On nous précise encore que les gens qui avaient eu le privilège d'étudier avec elle étaient ensuite parmi les plus brillants. Au temps de leur califat respectif, Abu Bakr et 'Umar venaient consulter Aisha pour lui exposer tel ou tel problème auquel ils se trouvaient confrontés et l'interroger pour savoir ce que le "Prophète aurait dit ou fait en pareille circonstance". [...]
Alors qu'il était devenu à son tour calife, Mu'âwiya l'interrogea. Elle donna comme réponse ce hadîth de l'Envoyé d'Allah : « Celui qui essaie de contenter Allah, ne se préoccupant pas du mécontentement des gens, sera protégé contre la méchanceté des gens. Mais celui qui contente les gens en ne se préoccupant pas du mécontentement de Dieu, sera abandonné par Allah et à la merci des gens. »
Elle avait les moyens de vivre mieux car elle recevait, comme les autres Mères des Croyants, une pension versée par les Califes successifs. Mais Aisha , qui était d'une extrême générosité, chargeait sa servante, dès qu'elle recevait cette pension, de distribuer aussitôt le tout aux nécessiteux, négligeant de garder quelque chose pour elle. Le soir venu, elle disait à sa servante : « Pourquoi ne m'as-tu pas fait penser de garder de quoi dîner ce soir ? »
Ainsi donc, parfois, elle n'avait même pas de quoi dîner. Elle avait tellement pris l'habitude d'une vie frugale au cours de ses années difficiles passées dans la maison du Prophète , jeûnant beaucoup, qu'elle continua de vivre de la même manière après sa disparition, alors que les moyens de la communauté s'étaient améliorés.
Urwa a rapporté qu'un jour, il a vu Aisha qui avait reçu 70.000 dirhams, les distribuer aux pauvres, tandis qu'elle-même portait une chemise rapiécée.
Un Compagnon s'étant ému de ce qu'elle redistribuait aux pauvres tout ce qu'elle recevait au fur et à mesure, elle s'était écriée en l'apprenant : « Comment ? On m'interdirait mes libéralités ? » et elle avait bien entendu continué ses pratiques ! [Rapporté par Bukhârî]
Un jour, elle reçut - sur la demande de celui-ci - Hassan ibn Thâbit, qui avait été l'un des acteurs de l'affaire de la calomnie. Comme on s'était étonné qu'elle le reçoive, elle répondit : « Pourquoi pas. N'a-t-il pas été déjà frappé d'un terrible châtiment ? » II était, en effet, devenu aveugle.
Avant qu'elle ne meure, alors qu'elle était à l'agonie, Ibn 'Abbâs demanda à être reçu par elle. Comme elle hésitait, dans la crainte qu'il ne lui fasse des compliments, on lui fit valoir qu'il s'agissait de l'oncle paternel du Prophète et l'un des principaux personnages parmi les musulmans. Elle le reçut donc.
- « Comment te trouves-tu, lui demanda-t-il ? » - « Bien, si je crains Dieu, répondit-elle. » - « Tu seras bien, s'il plaît à Dieu, car tu as été l'Épouse de l'Envoyé d'Allah et la seule vierge qu'il ait épousée. Enfin, la Révélation t'a reconnue innocente. »
Après cette visite, Aisha devait dire « Ibn 'Abbâs m'a fait des compliments. J'aurais préféré qu'on m'eût oubliée. »
Aisha vécut jusqu'à l'âge de 67 ans et mourut pendant le mois de Ramadan de l'an 57 de l'Hégire, sous le califat de Mu'âwiya.
Elle fut enterrée, comme elle l'avait souhaité, après la prière de la nuit, dans l'heure qui suivit sa mort, dans le cimetière des femmes à Médine, auprès de ses compagnes, les Mères des Croyants (Qu'Allah soit satisfait d'elles) qui l'avaient devancée.
Abu Hurayra fit la prière sur elle avec les autres Compagnons . Ce sont ses neveux qui la déposèrent dans sa tombe.
Qu'Allah soit satisfait de Aisha.
La tutelle du prophète Mohamed
Après son retour de chez les Bani Sa’ad, Mohamed resta chez sa mère jusqu’à l’âge de six ans. Amina mourut au cours d’un voyage qu’elle avait entreprit pour se rendre à Yathrib (Médine) afin de rendre visite à la proche famille de son défunt mari, ‘AbdAllah. Elle y resta pendant un mois avant de prendre le chemin du retour. A mi-chemin, elle fut frappée d’une maladie qui s’aggrava tellement qu’elle en mourut, à Abwa, entre la Mecque et Médine.
C’est l’esclave affranchie de ‘AbdAllah, Oum Ayman (ou Baraka) qui prit en charge Muhammad jusqu’à leur arrivée à la Mecque. Elle le remit alors à Abdel Mouttalib qui décerna des égards inestimables pour son petit-fils Muhammad . Il lui vouait une compassion qu’il ne vouait à aucun de ses fils. Le tendre grand-père et généreux tuteur ‘Abdel Mouttalib cessa de vivre et laissa l’enfant âgé de huit ans. Toutefois, avant de rendre l’âme, ‘Abdel Mouttalib confia la garde de Muhammad à Abou Talib, oncle germain du Prophète.
Le Messager d’Allah resta ainsi plusieurs années sous la tutelle d’Abou Talib. Durant cette période des signes annonciateurs de sa future mission apparurent et des évènements sublimes se déroulèrent, comme nous le verrons prochainement, incha Allah.
Quand il atteignit l’âge de douze ans, le Messager d’Allah accompagna son oncle Abou Taleb au Cham (en Syrie) pour un voyage d’affaires. Ils arrivèrent à Basra, en Syrie, où ils campèrent près d’un ermitage occupé par un moine nommé Bahira. Celui-ci était érudit dans l’Evangile et le christianisme. Du haut de son monastère il aperçut la caravane des Qouraichites et remarqua un certain enfant marqué par les signes de la prophétie. Il désirait s’entretenir avec cet enfant, ainsi il offrit l’hospitalité à tous les membres de la caravane. Il questionna Muhammad sur ces faits et gestes quotidiens afin de vérifier qu’il s’agissait bien du prophète annoncé dans les livres antérieurs. A la vision de son dos, il reconnut aussi le sceau de la prophétie, une tâche entre ses deux épaules. Bahira questionna ensuite Abou Taleb au sujet de son neveu.
Le moine finit par être convaincu que l’enfant était le Prophète attendu. Il conseilla alors Abou Taleb de retourner avec l’enfant le plus vite possible à la Mecque, par crainte des juifs et des romains qui n’hésiteraient pas à lui nuire s’ils le reconnaissaient. Abou Taleb régla en hâte ses affaires et retourna rapidement à la Mecque avec son neveu.
Lorsque Le Prophète Mohamed ( que la paix soit avec lui ) atteignit l’âge de 35 ans, les Qouraichites entreprirent de reconstruire la Kaaba. Celle-ci ne possédait pas de toit et un groupe de voleurs avait dérobé un des trésors qu’elle renfermait. Aussi, l’édifice avait déjà subi les intempéries et les aléas du temps affaiblirent ses fondations et lézardèrent ses murs. De plus, 50 ans avant la mission du Prophète Mohamed ( Que la paix soit avec lui ) , un torrent descendit sur la Mecque et s’abattit sur le temple sacré avec une violence qui faillit faire basculer la Kaaba.
Ainsi les Qouraichites furent obligés d’en renouveler les fondations, désireux de garder cet édifice, souvenir de la foi d’Ibrahim (Abraham) . Ils décidèrent tous ensemble de n’investir dans ce sens que les biens honnêtement acquis, écartant de ce fait la dot des prostituées, les biens résultant de l’usure ou d’une injustice. Les gens avait peur de détruire la Kaaba, alors Al-Walid Ibn Al-Moughira commença le travail de démolition. Les gens, après s’être rendus compte qu’aucun malheur n’avait atteint Al-Walid, le rejoignirent et continuèrent à démolir jusqu’à ce qu’ils atteignirent la fondation réalisée par Ibrahim (Abraham). Occupés ensuite à construire, Ils divisèrent la Kaaba en plusieurs parties dont chacune était à la charge d’une tribu.
Chaque tribu rassembla des pierres et la construction commença. Lorsqu’on eut atteint l’endroit de la Pierre Noire, les tribus divergèrent sur la question de savoir qui d’entre elles aurait l’honneur de la mettre en place. Le conflit s’étendit sur 4 ou 5 nuits et faillit déclencher une guerre violente, puis les tribus se rassemblèrent pour trouver une solution juste. Ils décidèrent alors de prendre pour juge arbitre la première personne qui franchirait la porte de la Maison Sacrée où ils étaient réunis. Et ce fut le Prophète Mohamed ( Que la paix soit avec lui). Dès qu’ils le virent, ils s’exclamèrent : « Voici l’honnête (Al-Amine) ! Nous acceptons son arbitrage ! C’est Mohamed! »
Lorsque Muhammad fut mis au courant du motif de leur conflit, il demanda qu’on apporte un morceau de tissu. Il plaça ensuite la Pierre Noire au milieu du tissu et demanda aux chefs des tribus en conflit de tenir chacun un côté de l’étoffe puis de soulever ainsi la Pierre Noire. Ils s’exécutèrent et quand ils atteignirent sa place, le Prophète Mohamed( que la paix soit avec lui) prit la pierre et la mit lui-même avec sa main. Puis ils construisirent là-dessus, satisfaits du jugement équitable qui les avait départagés.
D’après Ibn Ishaq, au temps de l’Envoyé d’Allah, la Kaaba était de 18 coudées. Elle était revêtue de tissus coptes (qabati), puis elle fut revêtue de tissus yéménites (burud). Al-Hajjaj fut le premier à la revêtir de brocart.
Au nom D’Allah , le tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
La généalogie de Muhammad
Le messager est Abû Qassim Muhammad (Muhammad, père d’Al-Qassim, fils d’Abdullah, fils d’Abdul Muttalib, Sa généalogie remonte jusqu’à Adnan, l’un des descendants d’Ismail PSBL (prophète d’Allah et fils d’Ibrahim PSBL, l’ami priviligié d’Allah). Sa mère est Amina, fille de Wahb.
Le Prophète PSBL a dit : « En vérité, parmi les Fils d’Ismail Allha a jeté son dévolu sur Kinâna ; dans la descendance de Kinâna, il a choisi Quraich et dans la lignée de Quraich, il a choisi les Fils de Hâchim et m’a élu parmi les Fils d’Hâchim »7. C’est dire qu’il est le meilleur des hommes du point de vue généalogique, même de l’avis de ses ennemis. Abû Soufyâ en a témoigné auprès d’héraclius 1er, l’empereur romain, avant même d’embrasser l’Islam.
D’après Abdullah ibn Abbas psbl, le messager d’Allah psbl avais envoyé à César une lettre d’invitation à l’Islam. Dihya Al Kalby qui fu chargé d’acheminer cette correspondance la fit transiter par le gouverneur de Borsâ qui la remit à son destinataire (i.e., César). Ce dernier, en signe de gratitude à Allah qui lui avait donné la victoire sur l’année perse, avait marché d’Émesse à Îliya (Jérusalem). Après avoir lu la lettre de l’Envoyé d’Allah, il tint ces propos : « Cherchez moi ici quelque compatriote de cet homme qui pourra me renseigner au sujet de l’Envoyé d’Allah ».
Ibn Abbas Psbl déclare en avoir été informé par Abû Soufyân ibn Harb qui (selon ses dires) se trouvait en Syrie à la tête d’une caravane de marchands Qorayshites ; pendant la trêve conclue entre l’Envoyé d’Allah psbl et les infidèles de Qoraïch : « l’émissaire de César, dit Abû Soufyân, nous ayant rencontré dans une localité de Syrie, nous emmena, mes compagnon et moi , jusqu’à Îliya. On nous introduisit auprès de l’empereur et nous le vîmes assis dans la salle du conseil, le front ceint d’un diadème. Entouré de hauts dignitaire Grecs, il dit à son interprète :- Demande-leur lequel d’entre eux est le plus proche parent de cet homme qui prétend être Prophète.-C’est moi, répondis-je. –C’est mon cousin (mot-à-mot : Le fils de mon oncle paternel), repartis-je.
(En toute honnêteté, il n’y avait dans la caravane aucun entre Banoû Abdu Manâf que moi). – Qu’on le fasse approcher, dit l’empereur qui donna aussitôt l’ordre qu’on plaçait mes compagnons juste derrière moi.
Ensuite, il dit à son interprète, - Dis leur que je vais interroger cet homme au sujet du prétendu Prophète. Que ses compagnons le contredisent immédiatement s’il ment. ( Or, par Allah, si je n’avais eu honte alors de voir mes mensonges éventuellement dénoncés par mes compagnons, j’eusse menti lorsque l’empereur m’interrogea sur Muhammad. C’est pourquoi je prise la résolution de dire la vérité). César dit à son interprète : - Demande-lui quel rang la famille de ce Prophète occupe chez les leurs. – Il est de bonne naissance, répondis-je. –Quelqu’un parmi vous a-t-il jamais tenu avant lui des discours semblable?-Non- le soupçonnez- vous de mensonge avant qu’il tînt ce discours? – Non. _ Y a-t-il eu des rois parmi ses ancêtres? – Non- Ses partisans se recrutent-ils dans les hautes classe ou permis le humbles? – Parmi les humbles. –Leur nombre augmente-t-il ou va-t-il décroissant? – Il augmente- Y en a –t-il parmi eux qui après avoir adopté sa religion, la prennent ensuite en aversion et apostasient? – Non- trahit-il ses engagements? –Non, mais nous avons conclu une trêve avec lui en ce moment, nous craignons qu’à ce propos, il ne la viole ». Cette réponse fut la seule ou je pus glisser une insinuation défavorable au Prophète, sans craindre de la voir relever.
Poursuivant ses questions, l’empereur dit : « Avez-vous été en guerre avec lui? –Oui, répondis-je. –Quelle a été l’issue des combats? –La guerre entre nous a eu des alternatives : Il a eu des moments de victoire sur nous autant que nous avons parfois eu à prendre le dessus. –Et que vous ordonne-t-il donc? – Il nous ordonne de n’adorer qu’Allah seul, de n’associer a Lui aucun être, de renoncer au culte de nos pères, de faire la prière, l’aumône, d’être chastes, de tenir nos engagements et de rendre les dépôts à nous confiés. »
Après avoir entendu mes propos, l’empereur dit à son interprète : « Dis-lui : je t’ai interrogé au sujet de sa famille et tu m’as prétendu qu’il était de bonne naissance. Or Allah a toujours choisi Ses Messagers parmi les nobles de leurs communautés respectives.
Je t’ai demandé si parmi vous quelqu’un, avant lui, aurai eu à tenir discours semblables, et tu as prétendu que non. Alors en moi-même j’ai pensé que si quelqu’un avant lui avait tenu les mêmes propos, j’aurais pu croire que cet homme ne fait qu’imiter ses prédécesseurs.
Je t’ai demandé si avant qu’il ne tînt ce discours, vous le soupçonniez d’être un menteur, et tu as prétendu que non. J’ai compris par là que, s’il n’était pas homme à mentir à l’égard de ses semblables, il ne pouvait, à plus forte raison, mentir à l’égard d’Allah.
Je t’ai demandé s’il y a eu des rois parmi ses ancêtres, et tu as prétendu que non. J’ai alors pensé que si quelqu’un parmi ses ancêtres avait régné, je me serai dit : Cet homme cherche à remonter sur le trône de ses pères.
Je t’ai demandé si ses adeptes se recrutaient parmi les humbles ou parmi les grands, et tu as répondu que c’était parmi les humbles. En fait, c’est toujours eux qui forment les partisans des Prophètes Psbl.
Je t’ai demandé s’ils augmentaient en nombre ou s’ils diminuaient au contraire, et tu as prétendu que leur nombre était de plus en plus important. Or, c’est bien là le propre de la foi de croître jusqu’à sa complète évolution.
Je t’ai demandé si quelques-uns d’entre eux, après avoir embrassé sa religion, s’en sont détournés pour la prendre en aversion, et tu as prétendu que non. Et, c’est bien aussi qu’il en est de la foi : les cœurs que sa grâce a pénétrés ne la prennent pas en aversion.
Je t’ai demandé s’il manquait à ses engagements, et tu as prétendu que non : il en est ainsi des Prophètes PSBL, ils ne trahissent point.
Je t’ai demandé si vous avez été en guerre contre lui, et tu as prétendu que oui, que la guerre entre vous avaient eu des alternatives, tantôt à son avantage, tantôt au vôtre. Il en est ainsi des Prophètes : ils subissent des épreuves, mais le succès final leur appartient.
Je t’ai demandé ce qu’il ordonnait, et tu as prétendu qu’il vous interdisait d’adorer ce qu’adoraient vos ancêtres, qu’il vous prescrivait la prière, l’aumône, la pureté des mœurs, le respect de vos engagements et la restitution des dépôts à vous confié.
Tout cela, poursuivit César, répond bien au portrait d’un vrai Prophète. Je savais bien que cet homme allait paraître, mais je n’imaginais pas qu’il serait des vôtres (les Arabes). Si tu as dit vrai, il ne s’en faut guère que cet homme conquière cet endroit même ou je me trouve. Quant à moi, s’il m’était possible de l’approcher, je m’efforcerais de le rencontrer. Et si j’étais auprès de lui, je lui laverais les pieds ».
Ensuite l’empereur fit apporter la lettre de l’Envoyé d’Allah. On la lut et elle fut ainsi conçue :
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. De la part de Muhammad, adorateur (esclave) et Messager d’Allah, à Héraclius, le chef des Grecs. Paix sur quiconque suit la bonne voie. Je t’invite à la fois musulmane. Convertis-toi à l’Islam, tu seras sauvé, convertis- toi à l’Islam, Allah te donnera une double part de récompense, Si tu t’en détournes, tu sera en outre responsable des péchés de tes sujets;
«Dis ’’Ô gens du livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneur en dehors d’Allah’’. Puis, s’ils tournent le dos, dites : ‘’Soyez témoins que nous, nous sommes soumis’’ »8
Abû Soufyân poursuit son récit en ces termes « Lorsque Héraclius eu fini de parler, des cris violent furent poussés par les grands personnages grecs qui l’entouraient, et un grand tumulte s’éleva; je ne sais pas ce qu’ils disaient. L’empereur donna alors l’ordre qu’on nous fasse sortir. Lorsque nous fûmes dehors, seul avec mes compagnons, je leur dis : -les affaires du fils d’Abû Kabcha doivent avoir pris de l’ampleur, puisque le prince des Banoûl Asfar (Rome) le redoute.
Depuis lors (malgré ma répugnance) et jusqu’au jour ou, Allah ouvrit mon cœur à l’Islam, je suis resté humblement convaincu de succès de Muhammad »9
[1] Voir note de bas page.
7 Mouslim, 2276, 8 Al Imran, 64 et 9 Al-Boukhari, 2782